Réel, Fantasme et Psychanalyste Avignon

12 jan 2025

La question du réel insiste comme un grain de sable qui empêche que ça tourne rond ! Et elle nous fait plutôt tourner en rond. Quelle que soit la discipline envisagée : sociologie, psychologie, sciences, quand bien même invente-on des fictions comme les « constructions du monde » religieuses, idéologiques, philosophiques. Où que l’on se tourne, même les scientifiques ne sont pas en reste : Max Planck récuse sa découverte au prétexte qu'il ne peut la voir et Albert Einstein s’offusque des prétentions de la mécanique quantique au nom de la sagesse divine.

Ce qui montre à quel point le réel -comme l'a bien vu Jaques Lacan- est ce qui nous résiste, ce contre quoi l'on bute !
Le réel se colore aujourd'hui d'une teinte de catastrophe si on le mesure à l’aune du désastre climatique et écologique planétaire ou du tournant fasciste des démocraties et de leurs médias.

Même les psychanalystes, parce que la cure mène le sujet à se défaire des "vérités mensongères" qu’il s’était construites pour se protéger de son réel, n’ont jamais cessé depuis Freud d’« ôter ses crocs à venin » à sa découverte pour la rendre plus consensuelle.

Et plutôt que de prendre en compte les scories indomptables du fantasme, laissent trop souvent le patient explorer son identité narrative, qui devient la fiction que chacun se forge de lui-même et à laquelle veut égaler son faux-self.

Le prénom et son importance Avignon

11 jan 2025

L’attribution d’un ou plusieurs prénoms est d’une importance décisive pour la destinée du nouveau-né, car le prénom est l’incontestable parole bâtisseuse de la vie. Au-delà de l'étymologie du prénom lui-même, il existe une ou plusieurs motivations conscientes ou inconscientes qui participent à son choix. L’attribution d’un prénom déjà présent dans l’arbre généalogique peut revivifier certains signifiants qui y sont associés, il faudra faire attention dans ce cas aux éléments du passé familial susceptibles d'être réactivés par le réemploi du prénom d'un ascendant. Le choix du prénom est intimement lié au projet familial (conscient et/ou inconscient) et peut de toute évidence influencer notre destinée. L’intérêt premier de la recherche psychogénéalogique est donc logiquement de repérer si les prénoms attribués aux descendants existent préalablement dans la lignée. Il n’est pas rare qu’un prénom soit déjà inscrit dans l'histoire familiale et redonné à un enfant sans que l’on s'en rende compte.
(Elisabeth Horowitz)

L'analyse nous permet de ne pas être ligotés, Valeria Bruni-Tedeschi

21 déc 2024

L’analyse élargit le champ d’expérimentation. On n’enlève pas les douleurs, on apprend à les reconnaître. On les nomme. Les choses qui grincent en nous continueront de grincer, les chagrins sont là, la mémoire est là, les manques vertigineux sont là…

L’analyse nous permet de ne pas être ligotés par tout ça. Moi, je me sentais ligotée par mes névroses, comme un saucisson, non pas dans ma vie professionnelle mais dans ma vie de femme. Alors, rendre ce « ligotement » un peu plus lâche, ça ne peut pas faire de mal.

Et puis, on se sent plus de droits. Avant, j’avais souvent tendance à me sentir comme un imposteur. Je ne me sentais pas le droit de réaliser un film, par exemple. C’est fini, je ne veux plus être empêchée par toutes les restrictions. Et mon film est fait.

Lire l'interview : www.psychologies.com/Culture/Divan-de-Stars/interviews/Valeria-Bruni-Ted...

 

Créativité, Camus Avignon

20 déc 2024

Si l'on considère que la psychanalyse est aussi la création de soi par soi, il n'est pas inutile de relire ce passage de Camus :

"De toutes les écoles de la patience et de la lucidité, la création est la plus efficace. Elle est aussi le bouleversant témoignage de la seule dignité de l'homme : la révolte tenace contre sa condition, la persévérance dans un effort tenu pour stérile. Elle demande un effort quotidien, la maîtrise de soi, l'appréciation exacte des limites du vrai, la mesure et la force. Elle constitue une ascèse. Tout cela « pour rien», pour répéter et piétiner. Mais peut-être la grande œuvre d'art a moins d'importance en elle-même que dans l'épreuve qu'elle exige d'un homme et l'occasion qu'elle lui fournit de surmonter ses fantômes et d'approcher d'un peu plus près sa réalité nue..."


Le Mythe de Sisyphe, 1942 de Albert Camus (1913-1960).

L'diot, Dostoïevski Avignon

16 déc 2024

L'Idiot" de Fiodor Dostoïevski est un chef-d'œuvre immortel, un roman qui traite de thèmes profonds et complexes.

Le protagoniste, le prince Myshkin, revient en Russie après avoir été dans un sanatorium pour soigner sa maladie : l'épilepsie. Conscient de la fugacité de la vie et de la douleur qui l'accompagne souvent, notre prince, au cœur pur, sera gentil et compatissant envers tous ceux qu'il rencontrera, sans rien demander en retour. Cependant, la gentillesse amène souvent le monde à profiter de ceux qui la pratiquent avec conviction. Lorsque le prince tombe follement amoureux de Nastas'ja Filippovna, une belle femme à la réputation douteuse, l'intrigue se complique. Nastas'ja Filippovna, qui subvient à ses besoins en vivant dans le luxe grâce aux hommes qu'elle fréquente, va tenter d'empêcher Myshkin de se compromettre pour un amour qui n'est pas digne de lui. La fin tragique révèle comment l'équilibre fragile entre le bien et le mal penche toujours vers ce dernier.

"L'Idiot" explore l'innocence et la pureté de l'esprit dans un monde avide et corrompu. Le prince Mychkine, d'une bonté désarmante, représente un oiseau rare voué à la défaite. Malgré le pessimisme sous-jacent, le roman est agréable et fascinant. Dostoïevski peint une Russie corrompue, ambitieuse et cruelle, en contraste frappant avec la bonne âme de Mychkine.

Une œuvre qui mérite d'être lue et méditée. Son élégance stylistique, la profondeur des personnages et le thème central font de ce roman un chef-d'œuvre intemporel.

Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski est né à Moscou** le 11 novembre 1821. Fils d'un médecin militaire et d'une mère issue d'une famille noble et très religieuse, Dostoïevski était destiné à la carrière militaire. Cependant, sa véritable passion était la littérature. Après avoir terminé ses études d'ingénieur militaire, il abandonne sa carrière et écrit son premier roman, "Les Pauvres gens", qui connaît un grand succès. Tout au long de sa vie, Dostoïevski a produit une série d'ouvrages psychologiques qui explorent les complexités de la condition humaine. Parmi ses chefs-d'œuvre les plus connus figurent « Crime et Châtiment », « Les Frères Karamazov » et « L'Idiot ». Sa vie a été marquée par des épreuves personnelles, notamment des crises d'épilepsie et une période d'exil en Sibérie. Malgré ces difficultés, Dostoïevski reste l'un des plus grands romanciers de la littérature russe.
(Littérature et Poésie, La Lettre Patriote)
 

L'interprétation, Avignon

14 oct 2024

L’interprétation constitue un acte au cœur du travail clinique en psychanalyse. 

Elle a toujours occupé une place centrale depuis Freud et constitue un élément important du changement psychique.

Mais quelles sont véritablement ses fonctions et ses limites ? N’a-t-elle pas non plus un rôle essentiel dans la construction de nos pratiques cliniques ? 

Ce qui suppose de se demander comment intervenir pour encourager le processus analytique ? 

C’est à ce titre que l’interprétation aide l’analysant à différencier la vérité historique de la vérité narrative. A condition de savoir s'appuyer sur la créativité des analysants dans nos interprétations, de ne pas nous emprisonner dans les signifiants contemporains, qui fondent l’air ambiant et de ne pas se laisser séduire par une "belle interprétation" qui n’est pas forcément convaincante !

 

Altérité et psychanalyse, Fabrice Luchini Avignon

29 mai 2024

Altérité et psychanalyse :

« Pour être avec l’autre, il faut avoir compris des choses en soi. Si tu n’as rien compris en toi, si, comme dit Simone Veil, tu ne t’es pas élucidé un minimum , qu’est-ce que tu vas comprendre de l’autre ? Tu ne comprendras de l’autre que ce que tu as vaguement compris de toi. Je ne peux jouir de l’autre qu’en ayant de l’empathie, pour avoir de l’empathie il faut que je le comprenne. Pour le comprendre, au sens premier (le prendre avec) il faut que je comprenne des choses en moi pour que ce qu’il est résonne en moi. Et pour que ça résonne en moi comme un , il faut quand même que je m’y sois colleté à ce que je suis (qui est minable, médiocre, chaotique, inconséquent), mais tant que tu n’as pas un début d’élucidation de ce que tu es, qu’est-ce que tu vas recevoir de l’autre ?! Tu ne vas rien comprendre de l’autre parce que pour comprendre l’autre et bien il faut avoir compris soi […] Tu n’as de sympathie avec l’autre que ce que tu as accepté de sympathie avec toi. Une véritable sympathie pas une relation mondaine, c’est autre chose, ça c’est une ivresse. Ce que je peux dire modestement c’est que mon affection pour l’autre ne peux pas ne pas dépendre de ce que j’ai accepté d’aimer un peu en moi. Car si je ne connais rien du tout de moi et si je ne sais pas qui je suis, je vais être dans un tel état d’incertitudes, de non présence, que je ne vais rien voir dans l’autre, je ne vais voir dans l’autre qu’une confirmation de moi et, ici, la phrase de Nietzsche est admirable : « Je vais l’utiliser, l’instrumentaliser, pour en faire un spectateur et non pas une rencontre. 

Fabrice Luchini / "Pour être avec l'autre"

Lien pour écouter (source : 'A voix nue", France Culture ) : https://youtu.be/rhZe5BBTCp8?si=2NTZOP5zwilhpl2I

Destin, liberté et psychanalyse Avignon

20 mar 2024

Nous sommes les premiers à accomplir notre destin et à nous placer face au boomerang du réel de l'existence. C'est ainsi que nous  supportons une certaine dose de malheur par dévouement ou masochisme, persuadés que c’est notre lot ou bien notre destin. Persuadés aussi que nous ne valons pas mieux que ce qui nous arrive.
Freud avait raison quand il a décrit la névrose de destinée. Croire à un destin expiatoire est très névrotique. Il n’est de destin que d’inconscient… C'est là l'aspect punitif du Surmoi.

C'est en cela, la psychanalyse nous aide à prendre en main notre destinée pour en faire une destination. La psychanalyse nous apporte la libération et l'oubli et nous permet de reprendre en main notre destin pour en faire une destination.

Créativité et psychanalyse Avignon

20 mar 2024

Si donc nous voulons être des initiés de la vie, il est deux choses qu’il nous faut prendre en compte : d’abord la grande mélodie, à laquelle œuvrent les choses et les parfums, les sentiments et les passés, les crépuscules et les nostalgies.

Et, ensuite, les voix individuelles qui complètent et parachèvent ce grand chœur.

Et pour justifier une œuvre d’art, c’est-à-dire une image de la vie profonde, du vécu qui n’est pas seulement d’aujourd’hui mais possible toujours et en tous temps, il sera nécessaire de mettre dans une relation juste et d’équilibrer ces deux voix, celle d’une heure donnée et celle du groupe d’êtres humains qui s’y trouvent.
(...)

Pour atteindre ce but, il faut avoir discerné les deux éléments de la mélodie vitale dans ses formes primitives ; il faut avoir extrait des tumultes grondants de la mer le rythme de la vague et dégagé de l’entrelacs confus des paroles quotidiennes la ligne vivante qui porte les autres. Il faut mettre côte à côte les couleurs pures pour apprendre à connaître leurs contrastes et leurs affinités. Il faut avoir oublié le multiple pour l’amour de l’essentiel.

Rainer Maria RILKE - Œuvres en Prose, Notes sur la mélodie des choses, traduction Claude David, Pléiade, Gallimard, 1993.

Destin et psychanalyse Avignon

20 mar 2024

Nous sommes les premiers à accomplir notre destin et à nous placer face au boomerang du réel de l'existence. Ce qui fait que nous supportons une certaine dose de malheur par dévouement ou masochisme, persuadés que c’est notre lot ou bien notre destin.
Freud avait bien raison quand il a décrit la névrose de destinée. Croire à un destin expiatoire est une conception névrotique. Il n’est de destin que d’inconscient…

La psychanalyse apporte la libération et l'oubli, elle nous permet de reprendre en main notre destin pour en faire une destination.