« Lorsqu’il s’agit dans le cours d’une thérapie d’opérer un changement, même si on a renoncé au pourquoi mon mal, c’est-à-dire à découvrir les raisons de son apparition, on se demande encore comment opérer ce changement, on voudrait tout de même opérer ce changement, on voudrait tout de même posséder le savoir préalable du moyen ou du levier. Or il n’y a pas de réponse possible à cette question, pas de carte qui nous montrerait le chemin à emprunter, car il n’y a nul changement qui ne s’effectue si ce n’est en s’effectuant. Cela peut sembler le comble de l’obscurantisme, mais c’est en fait le plus haut de l’éclaircissement. Le saut qui fait passer de l’analyse du changement au changement même s’opère dans un savoir qui est d’un autre ordre. Quand on est au bord de l’abîme de la modification, on voudrait s’aider de quelque intelligence de ce qui va se passer et de la connaissance de ce que l’on va trouver. Mais on ne trouverait rien si on pouvait dire ce que l’on va trouver avant de l’avoir trouvé ».

 

François Roustang, 

Savoir attendre

Date: 
Samedi, 12 février, 2022
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