Une société parricide Avignon

23 oct 2022

 

La fonction du père est de priver l'enfant de sa mère, et ainsi de l'introduire aux lois de l'échange ; au lieu de l'objet chéri, il devra composer plus tard avec un semblant. C'est cette opération qui prépare l'enfant à la vie sociale et à l'échange généralisé qui la constitue : qu'il s'agisse d'amour, donc, ou de travail.

Mais le problème du père, aujourd'hui, c'est qu'il n'a plus d'autorité, de fonction de référence. Il est seul et tout l'invite en quelque sorte à renoncer à sa fonction pour simplement participer à la fête.

La figure paternelle est devenue anachronique.

 Charles Melman, "L'homme sans gravité", Jouir à tout prix, Paris, Folio Essais,2005.

Psychanalyse, symptôme et guérison Avignon

17 sep 2022

Quand Freud dit que la guérison vient de surcroît, ce qui a été reprit par Lacan, il ne veut pas dire que la psychanalyse n’est pas une psychothérapie. Il n’y a pas d’ambiguïté pour Freud, la psychanalyse est une psychothérapie. Mais ce qu’il dénonce, c’est une mauvaise psychanalyse. C’est une psychanalyse qui prendrait le symptôme comme objet et qui n’entendrait pas que le problème de fond n’est pas le symptôme qui n’est qu’une manifestation. Le problème c’est que ce symptôme n’est là que pour nous faire signe, concernant une souffrance d’être, un complexe inconscient, enfin quelque chose qui est non manifeste. Le symptôme, c’est la partie grâce à laquelle le sujet adresse quelque chose d’une demande.

 

René Roussillon, Regards sur la souffrance, entretien avec Denis Dubouchet, revue Gestalt n° 30

Et je rajouterai : terminer une psychanalyse trop tôt empêche l'accès à la guérison du fait de la résistance de l'inconscient. Ce qui va renforcer au contraire le symptôme et véhiculer l'idée que la psychanalyse n'est pas efficace. Ce qui est faux. Philippe Grimbert explique dans "Un secret" que la psychanalyse l'a sauvé !

Psychanalyste en Avignon Roalnd Gori de passage en Avignon, ce soir au cinéma Utopia

3 sep 2022

 

Roland GORI, une époque sans esprit, Avignon

 

La psychanalyse n’a pas de but, annonce d’emblée Roland Gori depuis son fauteuil de chercheur et de thérapeute. Tout le reste du propos consiste à éclairer le spectateur sur ce qui fait l’essentiel de la matière de la vie. Le psychanalyste égrène dans une voix délicate et apaisante les enjeux de cet art, mais surtout il éveille aux dimensions plus larges que l’accompagnement psychologique infère. Gori refuse le déterminisme, l’obsession rationnelle qui induiraient sur chaque être humain l’obligation d’une performance, ce qui, à son avis, conduit au pire.

 

De temps en temps, des images du périphérique parisien, de Marseille, de New York apparaissent, comme une pause salvatrice dans une longue et belle conférence où chaque mot est pesé, et surtout rempli d’intelligibilité. Le réalisateur, Xavier Gayan, amène le psychanalyste à développer des thèmes nombreux qui, en réalité, interrogent la vacuité de la modernité. Sa parole est humaniste, au sens d’une expérience de la vie dégagée du démon de l’efficience qui ramène chaque individu à son enfance, son désir, son manque et son identité multiple.

Le propos est d’autant plus important que le réalisateur convoque aux côtés de Roland Gori des philosophes, éditeurs ou directeurs de théâtre. Cela a pour effet de rendre concrète l’approche psychanalytique, de l’inscrire dans la réalité de la vie, là où souvent elle est perçue comme perchée et trop éloignée des gens. Roland Gori, une époque sans esprit s’affirme comme un film nécessaire, au cœur du rythme fou de l’existence contemporaine. Le psychanalyste emprunte un langage métaphorique, parfois poétique, parfois drôle, en tous les cas au plus près des préoccupations des spectateurs.

(Laurent Cambon, Avoir à lire)

                                                                      

 

- Le problème de la répétition inconsciente, Psychanalyste Avignon

27 aoû 2022

QUAND UNE HISTOIRE SE REPETE

 

"Ce qui se répète ce sont les chagrins d'amour, le sentiment d'impuissance, les insomnies, les colères. Un jour, on se rend compte que sous l'apparente diversité de nos expériences et la distribution (malheureuse, croit-on) du hasard, il y a peut-être une logique du désir qui conduit sa vie à se fracasser au même endroit, sur un même affect. Et l'on commence alors à chercher quel est ce malin génie qui "veut" à notre insu la répétition des crises. Par exemple, l'un croit sa femme hystérique, la quitte, rencontre une douce jeune fille et les crises d'hystérie recommencent. Contre toute attente la jeune fille s'est révélée une furie. Mais lui, que vient-il chercher dans ce recommencement sans cesse reconduit de ces crises ?

A la surface de la plainte, rien ne bouge. Mais si l'on cherche dans les rêves, les actes manqués, la parole hésitante de qui se risque au bord de soi, si l'on écoute avec une patience et une précision de détective pourquoi il "faut que ça se répète", on arrive parfois à s'approcher de cette terreur que protège la répétition. Les crises d'angoisse, la peur d'être abandonnée, les symptômes, sont là pour empêcher le sujet de percevoir les loyautés infantiles qui le protègent. Plus insistantes que le moi lui-même, elles maintiennent fermé le champ de l'avenir."

 

Anne Dufourmantelle, "En cas d'amour. Psychopathologie de la vie amoureuse", Payot-rivages, 2012, p.28-29

Psychanalyste Avignon, Fanny ARDANT

10 juil 2022

« Je n’ai jamais été en psychanalyse. Mais curieusement, on s’effleure, elle et moi, depuis des années. J’ai chez moi un divan très ressemblant à celui d’un psychanalyste, et une photo de Freud, car je trouve ce visage magnifique. Il a la beauté de l’intelligence. J’ai toujours eu en tête l’idée de parler à quelqu’un qui m’écouterait vraiment. Donc oui, la psychanalyse est chez moi une grande tentation. Mais en même temps, j’ai l’impression que je sais déjà tout ce que j’y dirais et entendrais. C’est peut-être faux, mais voilà : j’ai été si près du gouffre que j’ai été contrainte de regarder le fond. Et de me demander : pourquoi cela me fait-il si mal ? D’où vient que je puisse rire joyeusement dans la rue et l’instant d’après me sentir d’une immense vulnérabilité, comme si tout m’atteignait ? Je vis dans ce rapport schizophrénique à moi-même, où la personne un peu folle en moi côtoie l’autre, terriblement lucide et sans illusions. » Fanny Ardant, je refuse d'avoir peur

Dépasser une crise Avignon

25 mai 2022

« Une fois la tempête passée, tu te demanderas comment tu as fait pour la traverser. Comment tu as fait pour survivre. Tu ne seras pas très sûr en fait qu’elle soit achevée. Mais sois certain d’une chose. Une fois que tu auras essuyé cette tempête. Tu ne seras jamais plus le même. Tel est le sens de cette tempête ! »
Haruki Murakami, (Kafka sur le rivage)

Epictète Psychanalyste Avignon

13 mai 2022

Les choses qui dépendent de nous sont par nature libres, sans empêchement, sans entraves. Les choses qui ne dépendent pas de nous sont dans un état d'impuissance, de servitude, d'empêchement, et nous sont étrangères.

Souviens-toi donc que, si tu crois que les choses qui sont par nature dans un état de servitude sont libres et que les choses qui te sont étrangères sont à toi, tu te heurteras à des obstacles dans ton action, tu seras dans la tristesse et l'inquiétude, et tu feras des reproches aux dieux et aux hommes.

Si au contraire tu penses que seul ce qui est à toi est à toi, que ce qui est étranger – comme c'est le cas – est étranger, personne ne pourra plus exercer une contrainte sur toi, personne ne pourra te forcer, tu ne feras plus une seule chose contre ta volonté, personne ne pourra te nuire, tu n'auras plus d'ennemi, car tu ne subiras plus de dommage qui pourrait te nuire. »
(Épictète)

Aide par la psychanalyse Avignon

10 mai 2022

« Il nous faut croiser bien des revenants, dissoudre bien des fantômes, converser avec bien des morts, donner la parole à bien des muets, à commencer par l’infans que nous sommes encore, nous devons traverser bien des ombres pour enfin, peut-être, trouver une identité qui, si vacillante soit-elle, tienne et nous tienne » C'est ainsi qu'on peut trouver une aide dans la psychanalyse à Avignon


JB Pontalis, « la traversée des ombres », Folio/Gallimard Ed., 2005.

La solitude du psychanalyste, selon Jean-Bertrand PONTALIS

16 avr 2022

" La pratique analytique (..) n'est pas de tout repos. Elle est singulièrement éprouvante. D'être des heures, des années durant, le dépositaire de la souffrance, de l'angoisse de ses patients, se sentir parfois réduit à n'être que le témoin impuissant d'une autodestruction ravageante, être pris pour cible d'attaques haineuses, ou pour objet d'un amour passionnel, tout cela ne laisse pas intact. A la fin de la journée (..) il est rare que l'humeur soit paisible, la pensée limpide, les frontières de son propre" moi" solidement établies. Bref, avoir été pris pour un autre que celui qu'on croit être, et d'avoir été soumis à l'épreuve de l'altérité de l'inconscient, on ne sait pas trop qui on est. Et cette intranquillité (..), cet ébranlement de son identité, on ne peut les partager avec personne, pas seulement au motif du secret professionnel. Je crois que c'est précisément cette solitude foncière de l'analyste qui le pousse à maintenir un lien avec ceux qui connaissent une expérience sinon similaire, du moins du même type".

 

J.-B. Pontalis - "Le Laboratoire central" - Éditions de l'Olivier, 2012.

 

Changer sa vision du monde, c'est changer sa relation à l'Autre, Psychanalyste, Avignon

1 avr 2022

"Si tu veux changer la manière dont les autres te traitent, tu dois d'abord changer la manière dont tu te traites. Tant que tu n'apprends pas à t'aimer, pleinement et sincèrement tu ne pourras jamais être aimée. Quand tu arriveras à ce stade, sois pourtant reconnaissante de chaque épine que les autres pourront jeter sur toi. C'est le signe que bientôt tu recevras une pluie de roses.
"Soufi, mon amour", Elif Shafak, 2010, 10/18 Ed.