L’inconscient, ce terme n’est pas de Freud.
Il apparaît, d’emblée, dans un sens privatif, en philosophie, et en psychologie dans la deuxième moitié du XIXè siècle. Nietzsche parle des "oubliettes de l'âme" !
Il s'agit de ce qui n’est pas conscient, un-bewusste, in-conscient.
C’est aussi un terme du langage courant, comme adjectif, « ce qui n’est pas conscient », comme substantif « irresponsable », un peu « fou », incapable de se rendre compte de ses faits et gestes.
Comme concept, en 1751 un juriste écossais, Henry Home Kannes, y fait référence pour signifier la « non-conscience ».
Puis il est vulgarisé en Allemagne, à l’époque romantique, comme réservoir d’images mentales, source de passions dont le contenu échappe à la conscience.
Introduit en langue française vers 1860, avec la signification de vie inconsciente par l’écrivain suisse Henri Amiel (1821-1881).
Admis dans le Dictionnaire de l’Académie Française en 1878.
En psychanalyse, cela devient autre chose : un lieu, Freud en parle comme d’une autre scène, eine andere Platz, ou aussi eine andere Schauplatz. Une place, un lieu où quelque chose se montre, se fait voir, entendre, se révèle. C’est d’abord une hypothèse (confirmée aujourd’hui), un lieu inconnu de la conscience (spontanée et réfléchie). C’est un lieu psychique spécifiquement référé à une sorte de conscience inconsciente.
Freud n’invente pas le concept, il lui donne un sens nouveau, qu’il va légitimer avec ses investigations personnelles.