"Personne n’entreprend une analyse par simple curiosité ou pour suivre la mode. Récuser les mensonges sur lesquels s’édifie la tranquillité du quotidien et déchiffrer l’oracle de sa destinée, chacun pressent qu’il faut le vouloir vraiment.

La psychanalyse n’est pas câline. On s’y allonge, mais pas pour se relaxer ou dormir. La vérité est trop incommode à supporter, quand on sait que le confort de la réalité est fondé sur sa méconnaissance. Contrairement à ce qu’écrivait Joubert dans ses Pensées, l’erreur repose, la vérité agite. Et puis, rien ne garantit à l’avance au patient que de son désir, il a le goût. Rien ne lui dit qu’il se convient, qu’il est conforme, même imparfaitement, à son idéal. Son désir, la cure peut lui permettre de le tirer au clair, pas de le changer.

Les effets qu’on est en droit d’attendre d’une psychanalyse ne sont pas minces et méritent le détour, mais ce qu’on découvre de soi ne vous projette pas pour autant dans le registre de l’exaltation. Lacan n’avait pas tort de décourager ceux qui venaient à lui pour « mieux se connaître ». Cela ne suffit pas. Il faut que quelque chose cloche et handicape et intrigue pour tenir la rampe au fil des séances. Il faut aspirer à ce que change dans son existence quelque chose de crucial pour supporter d’entendre la petite musique que joue son inconscient. Contrairement aux cures de cape et d’épée dont on fait parfois le récit, la découverte freudienne n’a rien à voir avec une épopée du narcissisme. Ni l’analyste, ni l’analysant ne sont des personnages de roman. C’est pour cela que la psychanalyse ne vaut le coup que pour ceux dont la vie est chienne, et qui veulent, d’un vouloir dont leur souffrance atteste, se repérer par rapport à ce qui les détermine." (Site officiel de G. Miller)

Date: 
Lundi, 7 juin, 2021
Image: