"L’analyse doit viser au passage d’une vraie parole, qui joigne le sujet à un autre sujet, de l’autre côté du mur du langage. C’est la relation du sujet à un Autre véritable, à l’Autre qui donne la réponse qu’on n’attend pas, qui définit le point terminal de l’analyse. Pendant tout le temps de l’analyse, à cette seule condition que le moi de l’analyste veuille bien ne pas être là, à cette seule condition que l’analyste ne soit pas un miroir vivant, mais un miroir vide, ce qui se passe se passe entre le moi du sujet – c’est toujours le moi du sujet qui parle, en apparence – et les autres. Tout le progrès de l’analyse, c’est le déplacement progressif de cette relation, que le sujet à tout instant peut saisir, au-delà du mur du langage, comme étant le transfert, qui est de lui et où il ne se reconnait pas. L’analyse consiste à lui faire prendre conscience de ses relations, non pas avec le moi de l’analyste, mais avec tous ces Autres qui sont ses véritables répondants, et qu’il n’a pas reconnus. Il s’agit que le sujet découvre progressivement à quel Autre il s’adresse véritablement, quoique ne le sachant pas, et qu’il assume progressivement les relations de transfert à la place où il est, et où il ne savait pas d’abord qu’il était"
(Lacan J., "Le Séminaire", livre II, Le moi dans la théorie de Freud et dans la technique de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1980, p. 288.)